La Journée mondiale du commerce équitable est généralement l’occasion de célébrer nos efforts collectifs pour rendre le commerce international plus juste. Cette année, la Journée mondiale du commerce équitable du 8 mai est particulièrement importante car l’injustice du système alimentaire a été aggravée par plus d’une année d’injustices dans les soins de santé, les menaces à la démocratie et les crimes haineux. Une action collective est nécessaire pour protéger les droits des producteurs paysans qui produisent notre nourriture. En nous unissant dans cette lutte, nous pourrons peut-être par la même obtenir plus de justice dans nos propres communautés.
Membres producteurs de cacao d’ACOPAGRO, Alto Huayabamba, Pérou – « Ensemble c’est commencer, rester ensemble c’est progresser, travailler ensemble c’est réussir. »
Le pouvoir du commerce équitable dans les coopératives organisées de petits producteurs paysans
Un an et demi après le début de la pandémie et quatre mois après l’administration des premiers vaccins, les producteurs paysans du Sud n’ont pratiquement pas accès aux vaccins. Ces communautés de producteurs ont dû s’organiser pour obtenir des équipements de protection individuelle dès le début de la pandémie. Elles ont également organisé des formations pour apprendre à leurs communautés et celles avoisinantes à ralentir la propagation de la COVID-19. Les marchés stables et les prix minimums pour leurs récoltes fournis par les acheteurs du commerce équitable ont aidé dans une certaine mesure, mais c’est l’organisation des producteurs paysans qui a fait une véritable différence sur le terrain. Au Canada, les organismes gouvernementaux ont pris les devants en imposant une distanciation sociale obligatoire, en fournissant des ressources et en distribuant des vaccins. Dans les régions rurales du Pérou et du Paraguay, où se trouvent de nombreux partenaires producteurs de Camino, la fragilité des organismes publics locaux a laissé les producteurs paysans se débrouiller eux-mêmes.
Les injustices et les épidémies n’ont pas empêché les producteurs paysans de progresser. Masqués et respectant la distanciation sociale, les agronomes des coopératives ont animé des ateliers pour maintenir la sécurité des membres et de leurs familles. La plupart des coopératives ont repris les séances d’apprentissage sur l’équité entre les sexes et les techniques d’agriculture biologique, car des personnes et des plantes en bonne santé contribuent à guérir la planète. Les membres de la coopérative Manduvira ont poursuivi leur programme de bourses d’études pour les enfants des producteurs membres. Le personnel de la coopérative Norandino a introduit la livraison à domicile et la commande en ligne pour les résidents proches de l’entrepôt principal comme moyen d’élargir les marchés pour leurs producteurs. Notons également que les coopératives Norandino et Acopagro ont toutes les deux réalisé d’importants investissements en équipements de transformation au cours de l’année écoulée.
Comment l’action citoyenne et une nouvelle législation peuvent appuyer les producteurs paysans
Les actions organisées menées par les producteurs et les consommateurs dans le cadre du commerce équitable créent un espace pour construire un monde plus juste. Notre défi consiste à utiliser cet espace pour créer un changement politique et économique. La mise en œuvre de l’interdiction d’importation d’articles extraits ou fabriqués par le travail forcé est passée presque inaperçue dans l’actualité de la pandémie. Ce nouvel avis des douanes indique clairement que «À compter du 1er juillet 2020, les marchandises qui sont extraites, fabriquées ou produites, en tout ou en partie, par du travail forcé, sont interdites d’entrée au Canada conformément au numéro tarifaire 9897.00.00 du Tarif des douanes.»
Après deux décennies d’études sur le terrain menées par des universitaires du monde entier, les plus de deux millions de cas de travail forcé des enfants dans les champs de cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana sont bien connus, tout comme le fait que les fèves provenant de ces exploitations sont utilisées dans la production de produits chocolatés destinés aux marchés de masse. Nous n’avons pas encore vu l’Agence des services frontaliers du Canada prendre des mesures à l’encontre des grandes entreprises mondiales de chocolat – Nestlé, Barry Callebaut, Cargill, Hershey, etc. – pour se conformer à la nouvelle loi. Ces entreprises ne nient pas que leurs produits contiennent des fèves provenant d’exploitations où il y a des abus de travail. En fait, dans une affaire actuellement examinée par la Cour suprême des États-Unis, les avocats de Nestlé ont écrit : «… Nestlé USA sait que le travail illicite des enfants existe en Côte d’Ivoire, et elle pourrait soi-disant « mettre fin au système » si elle utilisait simplement son pouvoir de marché d’une manière non spécifiée».
Vous avez du pouvoir, et vous pouvez choisir de l’utiliser d’une manière très spécifique – en votant avec vos dollars pour le monde dans lequel vous voulez vivre. En cette Journée mondiale du commerce équitable et pendant le mois de mai consacré au commerce équitable, pensez à :
- Offrir un cadeau équitable : c’est une excellente façon de partager avec amour l’importance du commerce équitable.
- Planter un arbre par le biais de PurProject : deux de nos coopératives partenaires, Acopagro et Oro Verde, sont impliquées dans des projets de reforestation.
- Envoyer à votre député deux barres de chocolat, l’une issue du commerce équitable et l’autre produite en masse, ainsi qu’une copie de l’avis des douanes du 1er juillet 2020, et demandez pourquoi l’importation de la seconde barre est autorisée.
- Rejoindre d’autres défenseurs : Action Forum, Fair Trade Calgary, l’Association québécoise du commerce équitable ne sont que quelques-uns des endroits où vous pouvez travailler collectivement avec d’autres militants du commerce équitable.
Bonne Journée du commerce équitable!