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Raviver la connexion avec nos partenaires en République dominicaine : Un voyage au cœur de la chaîne d’approvisionnement du chocolat Camino

Rendre visite aux producteurs avec lesquels nous travaillons est très important pour Camino. Cela nous permet de consolider nos liens et d’établir des échanges fructueux ; nous partageons les défis, les opportunités, les projets en cours et nous avons une meilleure idée des réalités sur le terrain. Depuis notre dernière visite en 2018 au Pérou, la pandémie nous a fait compter les jours jusqu’à la prochaine occasion de pouvoir reprendre nos visites. Pendant cette période d’attente, confinés dans nos pays respectifs, nous et nos producteurs partenaires avons profité de l’occasion pour améliorer nos outils de communication technologiques – en restant en contact via des plateformes de téléconférence jusqu’à ce que nous puissions nous revoir.

Dès que les restrictions ont été levées, nous nous sommes attelés à l’organisation d’une nouvelle visite sur le terrain, qui a eu lieu fin mars de cette année, en République dominicaine. En partenariat avec deux coopératives de producteurs locaux, FUNDOPO et CONACADO, ainsi qu’avec notre partenaire suisse de tablettes de chocolat et notre coopérative sœur, nous avons formé une nouvelle délégation dans le but de renforcer nos relations avec les familles productrices de cacao, leurs coopératives et les communautés locales.

PARTIE 1

Les acteurs du changement

Notre délégation Camino était véritablement représentative des acteurs du changement. Elle était composée de trois membres dévoués de l’équipe Camino (Kelly, Caitlin et moi-même, Mélanie), de trois investisseurs de notre coopérative (Sunaina, Derek et Ben), ainsi que d’une chocolatière et éducatrice (Renu), et d’une militante du commerce équitable (Bev). Sur place, nous avons été rejoints par le responsable de la filière chocolat de notre partenaire suisse (Sandro) et le responsable de la filière cacao de notre coopérative sœur Equal Exchange (Dary).

La délégation reflétait parfaitement la diversité des acteurs impliqués dans notre chaîne d’approvisionnement, représentant tous les maillons du Sud au Nord ; chaque participant s’étant engagé à promouvoir des pratiques commerciales équitables et à faire briller le modèle d’organisation démocratique. Ensemble, nous aspirons à créer un impact positif et durable, en œuvrant pour une industrie du chocolat plus équitable et plus respectueuse de l’environnement.

Les réalités des dérèglements climatiques

Dès notre arrivée à Santiago, dans le nord de la République dominicaine, nous avons appris qu’il n’avait pas plu dans la région depuis plus de deux mois. L’air était chaud et nous avions déjà l’estomac noué à l’idée de voir de nos propres yeux l’impact de la sécheresse sur les communautés. Lorsque nous avons commencé à visiter les fermes de cacao, nous avons été immédiatement frappés par l’état des cacaoyers. Le sol était recouvert d’une épaisse couche de feuilles de cacao, qui craquait sous chacun de nos pas, un indicateur frappant de la perte de feuillage due à la sécheresse prolongée. De nombreuses cabosses de cacao, le fruit dans lequel se trouvent les fèves de cacao, s’étaient desséchées sur les troncs avant même d’arriver à maturité. Entre-temps, CONACADO avait mis en place des coupures d’eau volontaires dans son usine de transformation de cacao afin de mieux gérer ces ressources face à la sécheresse.

Depuis plusieurs décennies, la République dominicaine est confrontée aux effets du changement climatique, qui n’ont fait que s’accentuer au fil des ans : érosion côtière due à l’élévation du niveau de la mer, inondations, tempêtes, ouragans et sécheresse.

Selon un récent rapport de l’Instituto Dominicano de Desarrollo Integral, Inc (IDDI – 2018), l’accès à l’eau est limité dans de nombreuses régions du pays, ce qui signifie que la production agricole dépend principalement des précipitations (p.8). Or, les précipitations moyennes en République dominicaine ont baissé de pas moins de 5,0 mm par mois (4,5 %) et par décennie depuis 1960 (p.10). Par ailleurs, la demande en eau devrait augmenter de 13% d’ici 2030 (p.15).

Culture du cacao en République dominicaine

Notre visite en République dominicaine a commencé par une réunion avec la coopérative de producteurs de cacao CONACADO. Abel Fernandez, directeur des exportations et ami de longue date, a accueilli chaleureusement notre délégation Camino. Autour d’un café et d’un chocolat chaud, nous avons pris le temps de prendre des nouvelles les uns des autres et de donner aux nouveaux venus l’occasion de rencontrer une partie de l’équipe de CONACADO. Abel nous a ensuite parlé des défis, des succès et des opportunités actuels de la coopérative.

Il faut savoir que la République dominicaine est aujourd’hui le dixième producteur mondial de cacao et un leader dans la production et l’exportation de cacao biologique. Toutefois, il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les années 1980, le marché des fèves de cacao était principalement contrôlé par une poignée d’entreprises familiales. Abel explique qu’environ 95 % des fèves de cacao exportées n’étaient pas fermentées et étaient souvent vendues à un prix inférieur au prix mondial. « Personne ne s’occupait des producteurs paysans », a-t-il ajouté. De plus, la culture du cacao n’était pas une priorité du gouvernement, contrairement à celle du riz, et les conditions de vie des producteurs de cacao étaient des plus déplorables.

C’est dans ce contexte que CONACADO est née en 1985, dans le cadre d’un projet de développement visant à améliorer la qualité des fèves de cacao, les rendements et les volumes d’exportation, ainsi que la qualité de vie des producteurs. Après avoir démontré avec succès que la fermentation du cacao pouvait augmenter les revenus des producteurs, CONACADO a étendu son travail en fournissant une éducation aux producteurs de cacao et en les organisant en associations appelées « bloques » dans une zone géographique donnée.

La coopérative s’est ensuite tournée vers la commercialisation de son projet, en se concentrant sur la recherche de marchés de niche pour son cacao de haute qualité et la culture biologique du cacao.

En 2008, CONACADO a acquis une usine de transformation des fèves de cacao en produits semi-finis tels que la poudre de cacao, le beurre de cacao et les éclats de cacao « nibs ». Aujourd’hui, la coopérative compte plus de 10 000 membres qui produisent 17 tonnes de fèves de cacao par an, dont 13,5 tonnes de fèves biologiques. CONACADO possède également de nombreux centres de fermentation et de séchage des fèves de cacao à travers le pays, ce qui permet à la coopérative de garantir la qualité des fèves et de maintenir une plus grande uniformité.

Les membres de CONACADO produisent environ 25 % du cacao exporté par la République dominicaine, et l’organisation est devenue une alternative puissante pour les petits producteurs. Le succès de la coopérative en termes d’amélioration de la qualité et de commercialisation se reflète dans le fait que 70 % du cacao est vendu sous forme de fèves fermentées de haute qualité, principalement sur les marchés de niche européens axés sur les produits biologiques, biodynamiques et équitables.

Au fil des ans, CONACADO a non seulement amélioré la vie de ses membres producteurs de cacao en République dominicaine, mais a également joué un rôle clé dans le positionnement du pays en tant que leader de la production de cacao biologique. Grâce à son engagement en faveur des pratiques durables et équitables et à l’importance qu’elle accorde à la qualité, elle est parvenue à modifier le paysage de l’industrie du cacao en République dominicaine et à offrir de meilleures perspectives aux producteurs paysans de cacao. CONACADO est un exemple inspirant de transformation positive dans la culture du cacao.

Vivre avec les producteurs

Après une visite de l’une des installations de fermentation et de séchage de CONACADO au « bloque » de San Francisco, nous avons poursuivi notre voyage le long de la chaîne d’approvisionnement pour rencontrer directement les producteurs de cacao de l’association FUNDOPO. Cette association, fondée au début des années 2000, est notre principale source d’approvisionnement en fèves de cacao utilisées dans nos tablettes de chocolat. Tout comme CONACADO, FUNDOPO a organisé ses groupes de producteurs à travers le pays, divisé en quatre régions distinctes.

Pour rencontrer les producteurs membres de FUNDOPO, nous nous sommes dirigés vers le sud en direction de Santo Domingo, dans la région de San Cristobal, à environ une heure et demie de Villa Altagracia. Dans la petite communauté de Jamey, nichée sur les pentes de montagnes de moyenne altitude, nous avons passé deux jours en compagnie de familles de producteurs de cacao, membres de FUNDOPO. Répartis dans six familles, nous avons été accueillis dans les maisons de nos hôtes, qui ont gracieusement pris le temps de partager leur vie avec nous pendant quelques jours. « Séjourner dans des familles d’accueil de producteurs de cacao a été pour moi un moment fort du voyage », a déclaré Bev.

La plupart des cultivateurs de cacao vivent avec des moyens rudimentaires dans des maisons faites de tôles et de bois. Toutes les maisons dans lesquelles nous avons séjourné ont l’électricité et un certain niveau d’accès à l’internet, certaines avec des installations bricolées qui sont parfois peu fiables. L’accès à l’eau courante est disponible sur les terrains de leurs fermes et dans la plupart de leurs maisons, bien que ces installations semblent récentes. Il y a quelques années, avant l’installation du système d’eau courante avec le soutien de FUNDOPO, la plupart des familles devaient se déplacer pour puiser leur eau dans la rivière en contrebas. Leurs cuisines sont situés dans des abris séparés de leurs maisons, abritant de grands poêles en pierre pour la cuisson au feu de bois. « Les producteurs ont été extrêmement accueillants et j’ai eu beaucoup de plaisir à explorer les environs avec mon hôte sur sa moto, à faire quelques découvertes, à acheter des snacks au petit magasin voisin et à visiter leur centre de fermentation local », nous a dit Ben.

Leurs moyens de subsistance et leur nourriture se trouvent tout autour de leurs maisons : des cacaoyers, ainsi que d’autres arbres fruitiers tels que des manguiers, des avocatiers, des bananiers et diverses autres espèces. Les poulets de ferme se mêlent aux autres animaux domestiques, fournissant quelques aliments de base, tels que les œufs ; les magasins du coin, situés à quelques minutes à pied ou en voiture, répondent au reste de leurs besoins quotidiens. En marchant avec Pépé, un producteur de cacao chez qui j’ai séjourné, il m’a raconté qu’il n’avait pas plu depuis cinq mois dans sa région et m’a dit qu’il n’avait jamais rien vu de tel. Il n’y a pas de système d’irrigation et la végétation – leur gagne-pain et leur nourriture – doit se contenter de l’eau qu’elle reçoit naturellement.

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