Mai 2015
Le mois du commerce équitable sera, cette année, un moment très spécial pour Camino et la coopérative La Siembra. Cela fait maintenant plus de 15 ans que nous collaborons directement avec des groupes de producteurs paysans, organisés de manière démocratique. Notre travail en tant que commerçant authentiquement et entièrement équitable n’a pas diminué depuis que nous avons été pionniers du cacao et du sucre équitables au Canada en 1999.
Alors, en cette célébration nationale du mois du commerce équitable, il semble tout à fait approprié de rendre hommage à nos partenaires producteurs paysans et aux coopératives qui travaillent fort pour cultiver et récolter les ingrédients que vous trouverez dans nos produits Camino. L’une de ces coopératives est la coopérative Norandino (anciennement CEPICAFE), située dans le nord du Pérou et que nous avons recemment visitée. Les producteurs paysans de la coopérative Norandino sont l’inspiration et les créateurs de la délicieuse et populaire cassonade intégrale (Muscovado) de Camino qui fait partie de notre gamme de produits de cuisson Cuisine Camino lancée en 2009.
Au mois de janvier dernier, cinq membres-travailleurs de La Siembra ont passé plusieurs jours à Piura et à Montero, au Pérou, en compagnie de Yeny, notre représentante à la coopérative Norandino. Nous avons visité le siège social de Norandino qui comprend des bureaux et une usine d’emballage de sucre, avant de nous diriger vers les collines de Montero, là où la canne à sucre est cultivée, récoltée et transformée.
Nous avons eu l’énorme privilège de rencontrer plusieurs de ces fiers producteurs et d’être hébergés deux nuits dans leurs foyers. Nous avons passé une journée dans les plantations de café, où nous avons pu en apprendre davantage sur leurs techniques d’agriculture sous couvert forestier et sur les défis auxquels ils sont confrontés en raison des changements climatiques et des maladies qui touchent certaines plantes. Le jour suivant, nous avons marché plusieurs kilomètres jusqu’à un module de transformation de canne à sucre et avons participé à presque toutes les étapes de production de canne à sucre.
Sur place, nous avons rencontré Sylvia et Willy, deux techniciens de Norandino, ainsi que Lelo et Roberto, deux producteurs paysans qui ont chacun des parcelles de terrain de canne à sucre et de café. En diversifiant leurs cultures, Lelo, Roberto et plusieurs autres producteurs peuvent concilier les exigences de leur travail, les risques auxquels ils sont confrontés et leurs sources de revenus.
Roberto commence sa journée aux premières heures. Il coupe, puis transporte la canne à sucre à dos de mulet jusqu’au module de transformation. Ce jour-là, ses enfants étaient là pour l’aider en raison du congé d’école hivernal qui dure deux mois. Leur travail consistait à guider le mulet chargé jusqu’à la colline. Celui-ci doit faire 20 fois le trajet jusqu’au module pour y transporter 4 quintales (180 kg) de cassonade. Lorsqu’on leur a demandé ce qu’ils pensaient du fait de pouvoir contribuer, les enfants ont dit qu’ils trouvaient cela amusant. Leur père a affirmé qu’il était très heureux qu’ils soient à l’extérieur à participer aux taches, plutôt que de rester assis à l’intérieur devant la télévision (ça nous est bien familier, non ?).
Nous avons pu observer Roberto effectuer chaque étape du processus : pressage de la canne à sucre pour faire du jus, suivi de plusieurs heures pour l’ébullition, le brassage et le refroidissement du délicieux fruit de son labeur. Un travail très méticuleux qu’il accomplit avec grande fierté, et dont nous avons eu la chance d’être témoins.
Nous avons appris que Roberto est l’un des producteurs de canne à sucre les plus productifs et fructueux de la région. Il suit le calendrier du module qui indique aux producteurs à quel moment ils doivent procéder. Pendant la période de la récolte, il passe quelques jours par mois (pendant huit mois) à transformer sa canne à sucre en un produit fini riche, connu sous le nom de panela (Muscovado). En hiver Roberto entretient ses cultures sucrières en supprimant les pousses et les feuilles sèches pour en assurer une santé optimale. Le désherbage se fait pendant la saison des pluies. Avec sa panela biologique, Roberto gagnera vingt soles (environ 7,70 CAD) de plus par quintale (45 kg) que s’elle n’était pas biologique.
Les deux techniciens de Norandino, Willy et Sylvia, sont là pour contribuer au processus. Ils contrôlent notamment le pH et le taux d’humidité du sucre pendant le procédé de transformation. Ils sont chacun responsable de deux modules dans la région, et s’occupent de toutes les enregistrements ainsi que de la paperasserie. Lorsqu’on les a interrogés au sujet des primes liées au commerce équitable, ils ont pointé le plancher du module où nous nous trouvions. Les producteurs de cette région ont l’intention d’utiliser la prime pour réparer et peindre les planchers qui ont été usés par le sucre liquide chaud. Cette décision a été prise par les utilisateurs du module, comme quoi le processus démocratique est respecté au sein de la coopérative.
L’étape finale de la production de sucre de Roberto est le conditionnement pour la préparation pour le transport jusqu’à l’usine de Norandino à Piura. Le sac porte le nom du producteur, le numéro de module, le code de lot et la certification biologique. Roberto recevra un montant équivalent au nombre de sacs de sucre produit
À 13 h, Roberto a déjà travaillé une journée complète et invite les membres de la coopérative La Siembra à rejoindre le groupe à son domicile. Au cours d’un repas généreux agrémenté de boissons froides et de conversations enrichissantes, Roberto en profite pour nous laisser avec quelques derniers mots: « Nous souhaitons améliorer la productivité, planter plus de cannes à sucre, produire davantage… avoir, donc, de meilleures récoltes. Si nous récoltons 200 sacs cette année, eh bien, nous allons essayer d’en produire 200 de plus l’année prochaine. C’est ça, aller de l’avant. Et tout ça, c’est grâce à vous, mes amis, parce que vous êtes là pour nous aider dans le processus. Nous sommes contents que vous soyez là… je sais que ce n’est pas le grand luxe, mais sachez que quand vous le voulez, vous êtes ici chez vous. »
La cassonade intégrale Muscovado de Camino est cultivée par de producteurs paysans au Pérou. Elle subit une transformation minimale afin de conserver toutes les qualités nutritionnelles de la canne à sucre brute, contrairement au sucre conventionnel qui, après la récolte en plantation, est transformé dans de grandes usines ou raffineries nord-américaines pour en extraire toute la mélasse. Souvent, un agent blanchissant sera utilisé dans le sucre pour le rendre blanc, et une mélasse de qualité inférieure sera ajoutée pour le vendre sous le nom de « cassonade » ou « sucre brun ».