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Visite de la coopérative Manduvirá au Paraguay

Entretien avec Josiane Paquet et Martin Van Den Borre de la coopérative La Siembra

par Shannon Devine de la coopérative La Siembra

 

31 janvier 2017

1.       Vous avez récemment visité la coopérative Manduvirá, producteur de canne à sucre établi dans le village d’Arroyos y Esteros, au Paraguay, et partenaire de longue date de La Siembra. Pouvez-vous raconter brièvement l’histoire de ce partenariat ? 

Martin : Nous travaillons avec Manduvirá depuis le début des années 2000. Nous l’avons vue passer d’une coopérative de producteurs de canne à sucre à une coopérative industrielle de classe mondiale qui a maintenant le plein contrôle sur le processus de production et la traçabilité de la production et du marketing. Dans une industrie où la dynamique du pouvoir ne favorise jamais les petits producteurs, leur vision de diriger un jour leur propre raffinerie de sucre semblait hors de portée, voire même impossible pour plusieurs. La ténacité, la patience et le dévouement de ce grand groupe de producteurs paysans sont tout simplement remarquables. En tonnage, la coopérative Manduvirá représente dorénavant la majorité de nos achats d’ingrédients. À ce jour, La Siembra demeure le plus grand client nord-américain de Manduvirá.

2.      En 2016, La Siembra a versé à Manduvirá un peu plus de 40 000 $ en primes liées au commerce équitable. Pouvez-vous nous fournir quelques exemples de la manière dont ces primes sont utilisées ?

Martin : Comme la tarification du sucre a légèrement diminué en 2016, et que la coopérative est dorénavant en mesure de financer ses projets grâce à ses activités, Manduvirá a décidé de consacrer la majorité de ses primes au maintien des prix à la production pour leurs producteurs. Traditionnellement, les primes ont été consacrées à des initiatives telles que des services médicaux et dentaires, des uniformes et des fournitures scolaires pour les familles des producteurs, la diversification des récoltes, et un soutien technique aux membres par le biais d’une formation en agriculture. Les primes ont également servi à subventionner leur émission radio locale qui informe les producteurs sur les plus récents développements au niveau de la gouvernance de la coopérative et offre également une programmation éducative. Bien sûr, au fil des ans les primes sociales ont grandement contribué à la capacité financière de la coopérative qui a pu entreprendre la construction d’une raffinerie de sucre.

3.       Manduvirá a récemment investi dans plusieurs projets d’innovation. Pouvez-vous décrire brièvement ce que la coopérative fait pour mieux répondre aux besoins de ses clients internationaux ?

Martin : Manduvirá a récemment investi dans un laboratoire moderne de contrôle de la qualité qui emploie une douzaine de personnes. Son personnel surveille en permanence la qualité des cannes à sucre, du jus de canne et des produits finis tout le long du processus de transformation dans l’usine afin de veiller au respect des normes de qualité les plus élevées. Ce travail a été reconnu cette année en Suisse où la coopérative a reçu un prestigieux prix national pour la qualité de ses produits. La coopérative travaille également sur d’inspirants projets au niveau agronomique, tels que l’usine de compostage bioactif qui lui permettra de produire des engrais personnalisés pour divers types de sols.

Josiane : Plusieurs projets sont en cours, dont un nouveau système de séchage qui permettra de réduire le taux d’humidité du sucre (afin d’éviter le durcissement du sucre), un laboratoire qui est destiné à produire des micro-organismes qui seront utilisés aux fins de compost, et une usine d’emballage.

 

4.       Vous avez rencontré Eulogio Serracho et sa femme Olga Salvioni pendant votre séjour au Paraguay. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris relativement à l’impact du commerce équitable dans leur vie et celle des autres producteurs paysans ?

Josiane : Ce qui m’a le plus surprise, c’est que les producteurs ne cultivent pas seulement la canne à sucre sur leurs terres, plusieurs cultivent aussi de grands jardins potagers. Ils vendent leurs légumes au marché local ce qui leur procure une source de revenus quand ils ne vendent pas de canne à sucre. Ils récoltent habituellement leurs légumes à 4 h du matin, et à 10 h tout est vendu !

J’ai aussi été marquée par la grande ambition des membres de la coopérative. Ils ont toujours plusieurs projets et vont toujours au bout des choses.

 

5.       Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ou inspiré lors de votre visite ?

Josiane : Je me suis sentie très inspirée par Andrés, le directeur général de Manduvirá. Il est vraiment le moteur de la coopérative. Ayant fait ses débuts comme producteur de sucre, il dirige depuis 25 années une raffinerie de sucre industriel et travaille avec plus de 950 producteurs. C’est par bateau qu’Andrés nous a emmenés jusqu’à son ancienne maison (où vit maintenant son oncle), profitant de l’occasion pour nous montrer l’arbre Manduvirá qui pousse au milieu d’un lac créé par le débordement d’une rivière. L’arbre est très symbolique pour la coopérative, c’est lui qui a inspiré le nom. Il est un symbole de grande résilience, puisqu’il tient bon lors des périodes d’inondation, tout comme les producteurs qui, durant leur « révolution tranquille », ont fait preuve d’une grande résilience lorsqu’ils ont dénoncé les abus des raffineries à qui ils vendaient la canne à sucre.

Martin : Après avoir vu nos producteurs partenaires travailler d’arrache-pied à la réalisation de leur rêve pendant de nombreuses années, la visite de la raffinerie de sucre a été un moment très touchant. C’était très émouvant de sentir la fierté dans le regard des producteurs alors qu’ils livraient la canne à sucre à la coopérative, ou de les entendre parler avec fierté de leurs enfants qui œuvrent maintenant à titre de techniciens, ou exploitants après avoir eu la chance de poursuivre des études en comptabilité, agronomie, administration ou science de l’alimentation. Il s’agit d’une toute nouvelle réalité pour ces communautés ! 

 

6.  Pourquoi est-il important pour vous de visiter les producteurs ? Et en quoi ces expériences changent-elles votre attitude à l’égard de votre travail au quotidien ?

Josiane : Les visites chez le producteur m’apportent une motivation supplémentaire. Assis au bureau, c’est facile de dire que nous aidons les producteurs… mais le voir en personne rend tout ça plus réel. Entendre de vive voix les témoignages sur la manière dont la coopérative en est arrivée à posséder sa propre raffinerie de sucre, et sur tout l’effort investi pour concrétiser ce rêve est quelque chose de très inspirant pour moi.

Martin : Il est important pour nous, en tant que membres de notre propre coopérative, de comprendre la réalité de nos producteurs partenaires et pour renforcer nos relations. Ces visites nous importent également sur le plan opérationnel. Actuellement, nous travaillons sur un projet qui amènera Manduvirá à produire des produits emballés dans un proche avenir et nous procédons également à l’évaluation de nouveaux produits. C’est toujours très stimulant de visiter nos partenaires producteurs.  En ce qui me concerne, le tout est d’autant plus réel.  

 

7.       Parlez-nous d’un moment durant le voyage qui vous a fait sourire.

Martin : Ça m’a fait sourire de voir les producteurs paysans livrer leur canne à sucre avec des chariots en bois tirés par des bœufs, pendant que des camions sortaient des conteneurs remplis de sucre de la cour de l’usine.

Josiane : Quand j’étais devant l’usine avec Andrés, je lui ai dit : « C’est incroyable ce que vous avez construit. D’abord cultivateur de sucre, puis deux décennies plus tard, regardez tout ce que vous avez bâti ! Aviez-vous imaginé que ce serait possible ? » Il m’a répondu : « Le tout a commencé par un rêve, une vision. J’ai réalisé ce rêve et maintenant, je veux que ça aille encore plus loin ! » On pouvait voir toute la fierté dans son regard.

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